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À la fin du 19ème siècle, la Pologne était morcelée et occupée par la Russie, la Prusse et l’Empire Austro-Hongrois. Dans le territoire annexé par la Russie Tsariste, l’Église Catholique Romaine se trouva dominée par l’Église orthodoxe et son rôle ramené à celui d’une Église secondaire, voire marginale. Les ordres religieux furent regroupés avec interdiction de recevoir des novices et toutes nouvelles créations de congrégations religieuses interdites. Dans ce contexte, se créa une nation fortement croyante et aussi une atmosphère favorable à un développement du sentiment religieux.
Cet approfondissement de la Foi et de la vie ecclésiale se manifesta sous différentes formes et notamment par la création de nouveaux ordres religieux clandestins.
Ainsi, au sein de l’Église Catholique Romaine, sur un fonds de rigueur morale, mettant l’accent sur une réforme de l’Église et le désir de relever le niveau de la vie religieuse et spirituelle du clergé séculier (alcoolisme du clergé, abus de pouvoir des évêques), apparaît le mouvement mariavite.
Le Mariavitisme provient de l’activité féconde du Père Honorat KOŹMINSKI (1829-1916), frère mineur capucin, que le Pape Jean Paul II a béatifié le 16 octobre 1988. Le Père Honorat fut le fondateur de plus de vingt congrégations religieuses ; mais plus tard, la papauté suspicieuse le démit de ses fonctions et reconnut avec réticence ses congrégations. Toutes menaient une vie cachée et clandestine à cause des persécutions et répressions de la part du gouvernement russe.
Leur but était le soutien d’une vie religieuse mais aussi l’initiative d’un secours social parmi les milieux ouvriers et paysans.
En 1883, entra dans une congrégation clandestine du Père Honorat Koźminski, Feliksa Magdalena KOZŁOWSKA. Elle était née le 27 mai 1862 à Wieliczna près de Wegrów à l’est de Varsovie. Elle était la fille de Jakub et Anna Kozłowski. Son père participa à l’insurrection de 1863 contre les occupants russes et mourut au cours de la bataille que les insurgés livrèrent contre l’armée russe, le 3 février 1863.
En 1872, Anna Kozłowska, avec sa fille, se retira à Varsovie. Félicie Madeleine termina ses études au IVe Lycée pour les filles et commença à travailler comme institutrice privée. Elle était très douée, surtout pour les mathématiques et connaissait parfaitement le français, l’anglais et le russe. Depuis l’enfance, elle désirait être religieuse et se donner à Dieu. Elle avait une vie intérieure remplie d'esprit de prière.
En 1883, Félicie Madeleine, devenue religieuse sous le nom de sœur
Marie-Françoise du Sacré Cœur, se sacrifia pour les malades et les invalides à Varsovie où les religieuses Franciscaines des Souffrants, fondées par le Père Honorat, avaient leur siège appelé « Przytulisko » (« Abri »).
En 1886, sur la recommandation du Père Honorat, elle vint à Plock comme inspectrice des congrégations clandestines.
Le 8 Septembre 1887, elle fonda également une congrégation contemplative clandestine de Sœurs Pauvres de la Sainte Mère Claire (Sœurs Adoratrices) fondée sur la deuxième règle de Saint-François. Les sœurs prononçaient les vœux d’obéissance, de pauvreté et de chasteté et un voeu supplémentaire, celui de l’Adoration Perpétuelle du Saint Sacrement. Après trois années, en 1890, le nombre des religieuses augmenta considérablement.
Entra également dans la communauté, la mère de la fondatrice avec le nom de Marie Hortulane. Pour les besoins de la congrégation, elle acheta une maison avec un jardin, lieu où se trouvent aujourd'hui le couvent et la cathédrale mariavites.
Au début, suivant la tradition des Sœurs de Sainte Claire, l’aumône constituait la base des moyens pour l’entretien de la communauté. Puis fut organisé un atelier de lingerie puis un autre de broderie et de confection des ornements d’église, chasubles, chapes, etc. puis une manufacture de tissage et un atelier de fabrication de bas.
Enfin un atelier de broderie artistique fut organisé, il sera peu à peu connu dans tout le pays et même à l’étranger.
Les ateliers ne procuraient pas que les biens matériels pour soutenir la communauté, ils permettaient également de mener une action de charité. En outre, tous ces ateliers étaient une bonne protection pour la vie religieuse clandestine vis-à-vis des fonctionnaires du Tsar.
La naissance et le développement du mariavitisme sont liés étroitement à la Mère Marie-Françoise et sont inspirés par la révélation qu’elle reçut le 2 août 1893 concernant la Miséricorde Divine pour notre temps.
La diffusion de la Miséricorde Infinie de Dieu devint un moment très important et décisif dans l’histoire de la Congrégation des Sœurs Adoratrices et le commencement de la Congrégation des Prêtres Mariavites de l’Adoration Réparatrice Perpétuelle.
Dans les révélations reçues par la Mère Marie-Françoise au sujet des Congrégations Mariavites, nous lisons :
« En [18]93, le 2 août, après avoir suivi la Sainte Messe, je fus détachée de ma connaissance et mise devant la Majesté Divine. Une Lumière incompréhensible enveloppa mon âme et me montra la corruption du monde et les temps derniers, puis le relâchement de la morale, notamment dans le clergé. J'ai vu la justice divine sur le point d'être appliquée pour punir le monde mais la Miséricorde donnée également au monde comme ultime secours, l'adoration du Saint Sacrement et l'aide de Marie. Quelques minutes après, le Seigneur prit la parole : „Je veux que la congrégation des Prêtres sous le nom de Mariavites soit un moyen pour propager cette adoration. Leur mot d'ordre sera : Tout pour la plus grande gloire de Dieu et l'honneur de la Bienheureuse Vierge Marie. Ils seront sous la garde de Notre Dame du Perpétuel-Secours” ».
Le nom de « MARIAVITE » vient de « Mariae vitæ imitantes » : « imitant la vie de Marie ».
À l’exemple de Marie qui vivait dans l’adoration continuelle de son Seigneur, les Mariavites doivent aussi être uniquement tournés vers leur Sauveur et Seigneur, Jésus-Christ, dans un esprit de profonde adoration : c’est pourquoi la spiritualité des Mariavites est essentiellement centrée sur l’Eucharistie.
Les prêtres et les sœurs recevaient deux noms religieux. Le premier, toujours « Marie », en l'honneur de la Bienheureuse Vierge Marie. Le second, en l'honneur d'un saint (p. ex. Père Marie François) ou d'une vertu chrétienne (p. ex. Sœur Marie Charité). En outre, les premiers prêtres mariavite reçurent des noms d'apôtres ce qui faisaient référence à la vision du bienheureux Louis Grignion de Monfort sur les apôtres de la fin des temps.
Plus tard, la congrégation des adoratrices prendra le nom de Sœurs Mariavites de l’Adoration Réparatrice Perpétuelle.
Dès cette époque, le nombre de prêtres mariavites augmenta principalement dans les diocèses de Płock, de Lublin et de Varsovie. Les autorités de ces diocèses, redoutant le développement des idées mariavites et l’augmentation du nombre de prêtres partisans de ces idées, commencèrent à déplacer les prêtres vers les recoins les plus éloignés de leur diocèse. Ils espéraient ainsi affaiblir leur force, et en conséquence provoquer la chute du mouvement. Cependant, l’idéal mariavite s’étendit très vite parmi les prêtres et les fidèles de nombreuses paroisses. Au début, beaucoup des Prêtres Mariavites provenaient de l’Académie théologique de Saint Petersbourg (unique faculté de théologie autorisées sous l’empire tsariste, le territoire polonais sous occupation russe n’ayant pas le droit d’ouvrir de faculté de théologie). Ils étaient liés très étroitement avec le mouvement réformateur qui était « très vif » parmi l’élite du clergé polonais. Ces réformateurs contestaient dès cette époque la formation et les études suivies par les futurs prêtres.
Les Prêtres Mariavites postulaient la réforme fondamentale des études théologiques. Ils réclamaient un renouvellement de la vie sacerdotale sur la base de la théologie mystique. Par ailleurs, ils propageaient les formes caractéristiques de la vie religieuse populaire polonaise, c’est-à-dire le culte de Notre Dame du Perpétuel-Secours, du rosaire, des chapelets et le rétablissement de la pratique du Salut du Saint-Sacrement et de l’adoration du Saint-Sacrement exposé. Ils demandaient également, la pratique de la communion fréquente et le secours social pour les pauvres, surtout en milieu ouvrier.
Les Prêtres Mariavites furent demandés par les Évêques, pour être professeurs et directeurs de séminaires, prédicateurs des retraites et exercices spirituels du clergé ainsi que pour les retraites paroissiales.
Le Père Honorat, lui-même, donna un excellent témoignage sur eux, écrivant entre autre : « Ils vivent sous la règle des frères mineurs, pour autant que son observation et pour eux possible, compte tenu de leurs activités. Presque tous sont des professeurs de séminaires et possèdent de hauts grades universitaires ».
Cependant dès 1897, commença la période des premières persécutions, dirigées surtout contre la Mère Marie-Françoise, à cause de l’épreuve mystique que celle-ci avait vécu à partir de 1893.
Au bout de dix ans de fondation, en 1903, la Congrégation était devenue suffisamment importante pour être divisée en trois provinces.
Furent institués comme provinciaux, pour Varsovie, le Père Jean Marie Michel KOWALSKI, pour Lublin, le Père Roman Marie Jacques PRÓCHNIEWSKI, pour Płock, le Père Leon Marie André GOŁĘBIOWSKI. Les Provinciaux Mariavites donnèrent à leurs Évêques des mémoires contenant les révélations de la Mère Marie-Françoise et un court historique de la congrégation : le Père M. Michel Kowalski à Mgr Wincenty CHROŚCIAK-POPIEL, Archevêque de Varsovie ; le Père M. Jacques Próchniewski et le Père M. André GOLEBIOWSKI à l'Évêque de Płock, Mgr Jerzy SZEMBEK. Ils désiraient la reconnaissance canonique de la congrégation des Prêtres Mariavites. Pour beaucoup, ils étaient l'espoir du renouvellement de la vie spirituelle et intellectuelle du clergé.
Au début de juillet 1903, l'Évêque de Płock, Mgr Jerzy Szembek, qui un temps eut des vues sur la congrégation naissante, mais ne fut pas suivi par le Chapitre Général, alla à Rome présenter au Pape la question du Mariavitisme. Les Mariavites connaissant l'hostilité de l'Évêque envers eux décidèrent d'aller personnellement à Rome pour présenter leurs constitutions. Le 18 juillet 1903, une délégation de dix-sept personnes s'y rendit, la Mère Marie-Françoise et seize prêtres. Entretemps, le Pape Léon XIII venait de décéder. En attendant l'élection du futur pape, une partie de la délégation partit en pèlerinage à Lourdes puis retourna à Rome. Là, ils élirent le Père M. Michel Kowalski Ministre Général de la Congrégation des Prêtres Mariavites. Le 13 août, la délégation remit au Pape Pie X (nouvellement élu) la demande de reconnaissance canonique de leurs constitutions et congrégation. Après avoir obtenu des garanties de la part du Pape, ils revinrent en Pologne.
Durant la même période, Mgr Szembek et quelques évêques polonais envoyaient à Rome plusieurs informations tendancieuses concernant les Mariavites avec pour but de nuire au mouvement et d'arriver à sa liquidation totale. Les Mariavites croyant aux garanties données par le Pape, attendaient tranquillement la décision du Vatican. Peu après, en 1904, arriva de Rome un décret ordonnant la dissolution de la Congrégation et soumission des prêtres à l'obéissance inconditionnelle de leurs évêques. Mgr Szembek fut l'exécuteur de cette décision. En janvier, mai et juillet 1905 et en février 1906, d'autres délégations de Mariavites allèrent à Rome pour présenter leur défense et la reconnaissance de leur congrégation. Ils y recevaient les garanties d'une solution positive. Mais tout cela fut en vain : le 5 août 1906, Pie X promulgua l'encyclique « Tribus circiter » dans laquelle il confirma le décret de 1904.
L'encyclique demandait à tous les Prêtres Mariavites d'être incardinés dans leur diocèse d'origine sous peine d'excommunication et interdisait toute communication avec la Mère Marie-Françoise. Le 5 décembre 1906, l'inquisition donna vingt jours aux Mariavites pour "se corriger" sous peine d'excommunication. L'effet fut totalement contraire : les Mariavites se consolidèrent dans la Foi et préférèrent rester eux-mêmes surtout devant la duplicité de Rome dans cette affaire. Il faut dire qu'en 1906 l'Église catholique romaine en Pologne retrouva toute sa liberté et l'on assista à une reprise en main autoritaire par l'Épiscopat, de toutes les congrégations nées dans la clandestinité. Les Mariavites, à cause de leur désir de réforme de l'Église et du clergé, furent en fait victimes de l'autoritarisme des évêques Polonais.
Dès fin 1906, tous les prêtres et religieuses Mariavites et environ 44.000 fidèles adultes fondèrent l'Église Mariavite.
A cette époque là, la persécution contre les Mariavites atteignit son apogée. Toutes les églises construites ou occupées par eux leur furent reprises.
Des embuscades furent organisées contre les prêtres et les fidèles. Plusieurs pogroms, menés par les ecclésiastiques romains catholiques, causèrent des dizaines de tués et des centaines de blessés parmi les mariavites laïcs. Les ouvriers laïcs mariavites furent privés de leur travail, les paysans des métairies furent chassés de leurs terres. Les prêtres et les sœurs mariavites devinrent également victimes d'attaques (comme le Père Apolinary M. Jérôme Skrzypiciel). Une "guerre de religion" fut menée contre les Mariavites dans des dimensions jusque là inconnues en Pologne.
Le 24 Décembre 1906, la première Messe en polonais fut célébrée à Plock, dans la chapelle des Sœurs.
Aussitôt, de nouvelles églises furent construites, en 2 mois, plus de 16 paroisses. En 1909, construction de 38 églises, 34 chapelles et 16 maisons "populaires" où furent installées des écoles, des salles de cours secondaires et d'apprentissage, cours pour analphabètes, gardes d'enfants, etc. Les Mariavites construisirent près de leurs églises, des manufactures, des ateliers, des magasins coopératifs, des caisses de prêts. Le travail des Mariavites en milieu ouvrier fit d'eux les promoteurs d'une action sociale jusque-là inconnue en Pologne.
Dès le 10 octobre 1907, un Chapitre Général tenu en participation active des délégués laïques des paroisses confirmait le Père M. Michel Kowalski comme Ministre Général et supérieur (évêque élu) de l'Église en formation. Ses coopérateurs firent élire les Pères M. Jacques Próchniewski (vicaire général) et M. André Gołębiowski (custos de Łódź) en tant qu'évêques coadjuteurs élus.
Le 5 octobre 1909, Père M. Michel reçut la consécration épiscopale des mains de Mgr Gérard GUL, archevêque d'Utrecht et des Évêques Vieux-Catholiques de Hollande et d'Allemagne.
L'année suivante, le 4 septembre 1910, à Łowicz, en Pologne, eut lieu la consécration épiscopale de deux autres prêtres mariavites : M. Jacques Próchniewski et M. André Gołębiowski. L'Évêque consécrateur était Mgr M. Michel Kowalski et les Évêques assistants, Mgr Gérard GUL, Archevêque d'Utrecht et Mgr Jacques VAN THIEL, Évêque de Haarlem (Hollande). Peu après l'Église prit le nom d'Église Vieille-Catholique Mariavite.
Le développement du mariavitisme continua. Le nombre de fidèles augmenta considérablement. Beaucoup d'églises et de chapelles furent construites. Par ailleurs, on assista également à un développement important des institutions sociales, culturelles, éducatives et scolaires dirigées par les prêtres et les sœurs mariavites.
En 1911, la Congrégation Mariavite construisit à Płock même une cathédrale et un couvent importants qui existent toujours et sont encore actuellement le siège de l'Église.
La construction fut terminée en 1914, à la veille de la première guerre mondiale. La dédicace de la cathédrale eut lieu le 15 août 1914.
Depuis 1918, elle porte le nom : Sanctuaire de la Miséricorde et de l'Amour.
C'était un accomplissement de l'appel contenu dans les révélations de la fondatrice :
« Les grâces pour le Sanctuaire : Notre Seigneur lui-même l’a consacré par Sa parole en disant “C’est le Sanctuaire de la Miséricorde et de l’Amour”. Et comme conséquence de cette consécration, il accorda les indulgences plénières, la rémission et l’oubli pour toujours de tous les péchés, de toutes les fautes et de la peine temporelle. N[otre] S[eigneur] me promit d’exaucer toutes ses prières et demandes en tant qu’elles seraient conformes à la Volonté de Dieu. Nous devons prier pour que la Volonté de Dieu s’accomplisse en nous, sur nous et par nous ; que le péché cesse parmi nous ; que le pouvoir de tenter soit ôté à Satan […]. N[otre] S[eigneur] a dit que le reflet du Ciel sur la terre doit commencer par notre Sanctuaire et rien d'impur ne peut s’y établir. Il ne peut sortir du Sanctuaire aucune malédiction ni imprécation. Il n’est permis de tuer aucune créature auprès du Sanctuaire du Seigneur ».
Le Sanctuaire de la Miséricorde, avec les ailes du couvent, sont bâtis sur le plan de la lettre E, Eucharistie.
Le bâtiment est néogothique, de style gothique anglais ; l'ancienne maison des Sœurs Mariavites (le petit manoir acheté par la Mère Marie-Françoise) est située au chevet du sanctuaire, derrière le chœur. Dans ces bâtiments existent toujours le chœur des Soeurs et la chambre de la Mère Marie-Françoise.
Le sanctuaire est de type basilical composé de 3 nefs sur un plan rectangulaire avec une nef centrale très haute. Dans le chœur, il y a le maître-autel bâti en forme de confession, de chaque côté des stalles gothiques et une balustrade de communion gothique également. Le chœur est surplombé par une immense coupole ornée de lanterneaux gothiques donnant la lumière naturelle sur la confession et tout le chœur. Une tribune importante située au-dessus des deux bas-côtés permet d'accueillir beaucoup de fidèles. Au fond, la tribune pour l'orgue et la chorale. La décoration intérieure est très discrète. Les nefs latérales sont illuminées par des fenêtres ogivales. Les bancs, les portes et le plancher sont faits de bois de chêne. L'intérieur est de couleur blanche, ivoire et or. A l'extérieur, le fronton du sanctuaire se termine par trois tours gothiques et la coupole par un ostensoir doré.
Le 23 Août 1921, mourut la Mère Marie-Françoise. Sa dépouille fut déposée dans la crypte du Sanctuaire de Plock. À ce jour, elle reste un exemple vivant d’amour pour le Christ eucharistique et de miséricorde envers chaque être humain. Conformément à la pratique de l'Église primitive, Mère Marie Françoise fut reconnue sainte.
L'année de sa mort, l'Église Vieille-Catholique Mariavite comptait environ 45.000 fidèles (un dictionnaire de théologie catholique romain indique le chiffre de 120.000 fidèles), 75 paroisses, 41 filiales, 80 églises, 65 chapelles,7 couvents de soeurs, 75 maisons paroissiales, 25 écoles primaires, 1 collège, 45 écoles maternelles, 3 cours pour les analphabètes, 14 bibliothèques avec salles de lecture, 32 manufactures, 4 orphelinats, 13 hospices pour les personnes âgées, 4 dispensaires, 10 restaurants populaires et gratuits pour les pauvres, 7 boulangeries, 3 sociétés d'épargne et de prêts, 2 corps de pompiers, 47 domaines agricoles. Il y avait également en 1921, 24 sociétés d'aide pour les enfants pauvres, 4 associations de jeunesse, 15 associations de jeunes femmes, 4 associations caritatives de femmes secourant les pauvres.
Enfin le clergé comptait alors 3 évêques, 33 prêtres et 244 religieuses.
Après la mort de la mère Marie Françoise, l’Église mariavite fut gouvernée de manière autocratique uniquement par l’archevêque M. Michel Kowalski. Ce dernier a introduit de nombreuses innovations doctrinales et disciplinaires, notamment : allégement des règles du jeûne eucharistique et des règles du carême, possibilité aux prêtres d’être mariés (1922-1924), Communion sous les deux espèces (1922), suppression des titres ecclésiastiques et prérogatives du clergé, le sacerdoce des religieuses (1929).
Les mariages au sein de la congrégation mariavite et leur justification théologique présentée par l’archevêque furent aussi à l’origine de la séparation d’avec l’Union d’Utrecht en 1924, même si jusqu’à aujourd’hui, les vieux catholiques mariavites de Pologne sont en inter-communion avec les vieux catholiques d’Utrecht et si un dialogue a été repris depuis 1972.
Certaines initiatives de Mgr M. Michel Kowalski ne furent pas acceptées par l’ensemble des mariavites. En 1935, le Chapitre Général, tenu en présence des fidèles et des religieuses, le déposa. L’archevêque et ses partisans partirent en résidence dans une maison de la congrégation à Félicjanow et se séparèrent du reste des mariavites fondant ainsi l’Église Catholique Mariavite (qui n’a aucun représentant en dehors de la Pologne et aucune référence avec l’Église Vieille Catholique Mariavite).
Cette même année 1935, un synode fut institué. De nombreuses cérémonies religieuses ont été rétablies, notamment la liturgie de la Semaine Sainte. Le titre d’archevêque des Mariavites fut aboli et remplacé par celui d’Évêque Primat éligible. Le premier Évêque-Primat fut Mgr Klemens Marie Philipe FELDMAN. En 1937, les sœurs ont cessé d’être ordonnées prêtre et les relations avec les Églises vieilles catholiques recommencèrent.
La deuxième guerre mondiale marqua tragiquement la vie de l'Église. Bien qu'il fut séparé de l'Église, l'arrestation par les nazis du compagnon des premières heures, Mgr Jean Marie Michel KOWALSKI, son internement puis sa mort en martyr à Dachau en 1942, à l'âge de 74 ans, furent ressentis douloureusement par toute l'Église Mariavite.
À Plock même, les nazis occupèrent le couvent, expulsant environ 400 personnes et arrêtant plus de 300 mariavites (la quasi totalité des prêtres, de nombreuses religieuses et des fidèles furent arrêtés et internés par les nazis). L'Évêque-Primat, M. Philippe Feldman fut transféré de force en Allemagne et a exercé dans une paroisse vieille catholique.
La gestapo détruisit une riche collection de livres de la bibliothèque du couvent de Płock, "confisqua" les calices, les ciboires les plus précieux et les transporta en Allemagne. Toutes les machines et appareils des imprimeries furent également "confisquées". L'Église perdit ainsi toutes ses imprimeries et ateliers de reliure pour les missels, bréviaires, livres scolaires, etc. En revanche, les prêtres et religieuses furent impliqués dans la résistance. Certains membres du clergé et des sœurs se joignirent activement à la conspiration et aidèrent les Juifs, notamment Mgr Wawrzyniec M. François ROSTWOROWSKI, Pères M. Étienne ZASADZIŃSKI, Ignacy M. Joseph KOPYSTYŃSKI, M. Seraphin BOŁŁOCZKO, M. Casimir KACZYŃSKI, Sœurs Maria M. Élise PATORA, Helena M. Eugenie POZNAŃSKA, Natalia M. Macrine SIUTA ou Genowefa M. Firmine GÓJSKA.
Enfin, de nombreuses pertes humaines furent subies par l'Église. Beaucoup de Mariavites furent déportés en Allemagne, aux travaux forcés. Beaucoup moururent aussi dans les camps de concentration.
Les Mariavites, comme confession spécifiquement polonaise, étaient le sujet de soupçons incessants et aussi de répression de la part de l'occupant. Selon des documents découverts après la guerre, il résulte que le Mariavitisme tout entier était destiné à "la liquidation totale".
Après 1945, avec les "nouvelles conditions" (le communisme), la vie de l'Église se normalisa avec le peu de survivants. Malgré cela, à cause de la répression soviétique, l'Église mariavite a perdu des paroisses dans les territoires de l'Union soviétique (en Lituanie, Lettonie, Biélorussie et Ukraine). La même répression a touché le diocèse de Hongrie. À la suite de la « guerre froide », la mission en Grande-Bretagne a également été perdue.
En 1947, l'Église mariavite en Pologne comptait 38 membres du clergé, 4 diacres, près de 200 religieuses et environ 50 000 fidèles.
Malheureusement, les autorités de la République populaire de Pologne ont nationalisé les écoles maternelles et primaires ainsi que les autres institutions éducatives et culturelles gérées par la Congrégation des Sœurs Mariavites. Son activité se limitait uniquement à la broderie artistique, à la catéchèse et aux services paroissiaux. La politique d'athéisation de la société et de marginalisation des églises minoritaires a provoqué une crise des vocations religieuses féminines.
Le décret du 5 septembre 1947 régula l'état juridique de l'Église et son existence légale, décret confirmé en 1967, puis en 1989 et 1991, après la libéralisation.
En 1945, Mgr Roman Maria Jakub PRÓCHNIEWSKI fut élu Évêque-Primat et se succédèrent à cette charge les évêques : Wacław Marie Bartholomé PRZYSIECKI (1953 - 1957), Jan Marie Michel SITEK (1957 - 1965), Wacław Marie Innocent GOŁĘBIOWSKI (1965 - 1972).
Le 26 octobre 1972, le Chapitre Général appela Mgr Stanisław Maria Thimothé KOWALSKI à devenir Évêque-Primat. Il avait été consacré Évêque le 6 août 1972 à Plock. Participèrent comme consécrateurs, outre les Évêques Mariavites, Mgr Marinus KOK, Archevêque d'Utrecht et Président de l'Union d'Utrecht, Mgr Anselme G.VAN KLEEF, Évêque de Haarlem (Hollande), les Evêques de l'Église Catholique Polonaise Mgr Julian PĘKALA et Mgr Tadeusz MAJEWSKI.
En 1972 également, la Conférence Épiscopale catholique romaine de Pologne, par l'intermédiaire de son Président Mgr Władyslaw MIZIOŁEK (évêque auxiliaire de Varsovie) et de son secrétaire le Père Jésuite Stanisław BAJKO, adressa une demande de pardon à l'Église Mariavite pour toutes les persécutions dont elle fut l'objet dans le passé de la part de l'Église catholique romaine.
Le 1er Octobre 1993, eut lieu la confirmation de la Consécration Épiscopale de Mgr André LE BEC, par tout l'Episcopat.
Les 1er et 2 Août 1993 fut célébré le Centenaire du mouvement Mariavite à Płock. La messe fut concélébrée par les évêques vieux-catholiques mariavites Mgr M. Thimothé Kowalski, Evêque-Primat, Mgr M. Roman NOWAK, Mgr M. Volodymir JAWORSKI, Mgr M. André LE BEC et les évêques vieux-catholiques de l'Union d'Utrecht : Mgr Marinus KOK, Archevêque émérite d'Utrecht (Hollande), Mgr Antony RYSZ, (Église Catholique Nationale Polonaise, États-Unis), Mgr Tadeusz MAJEWSKI, Mgr Wiktor WYSOCZAŃSKI (Eglise Catholique Polonaise, pologne), Mgr Nicolas HUMMEL (Eglise Vieille-Catholique d'Autriche), en présence des délégués des Églises catholique, orthodoxe, luthérienne et évangélique réformée, des représentants des Autorités civiles et d'une foule de fidèles de plus de cinq mille personnes.
Grâce à l'intégration de l’Église Catholique et Apostolique de Paris, une communauté fondée en 1972, avec l’Église Vieille Catholique Mariavite, la Province et le Diocèse de France de l’Église Vieille Catholique Mariavite de Pologne fut érigée en 1997.
En effet, c’est au cours d’une messe du Bon Pasteur fin Avril 1972, que fut créée notre Paroisse Sainte Marie, par le Père André LE BEC, entouré par un groupe d’étudiants des Facultés de Droit de Paris-Assas et Panthéon et par plus de 25 fidèles et amis. Ces locaux situés près de la place des Ternes s’étant avérés trop exigus, déjà au bout de quelques semaines, nous avons dû nous mettre en recherche d’une autre implantation.
Dès juillet 1973, le Père André signait l’achat de locaux dans le Marais, près de l’Hôtel de Ville, au centre de Paris, au 7 de la rue Aubriot dans le 4ème arrondissement. La bénédiction de cette nouvelle Chapelle eut lieu fin avril 1974, lors de la messe du Bon Pasteur.
Dès la première messe, la Chapelle était comble, nous avons dû « faire avec » jusqu’au 27 septembre 1998, date de notre installation au 47 rue de l’Echiquier, dans le 10ème arrondissement de Paris.
La Consécration de l’Eglise, sous le vocable de Sainte Marie Mère de Dieu, eût lieu le 27 septembre 1998, présidée par l’Evêque-Primat, Mgr M. Wlodzimierz JAWORSKI, assisté par Mgr M. Roman NOWAK et Mgr M. André LE BEC et de nombreux prêtres polonais.
La Province de France reste sous la juridiction de Mgr M. André Le Bec, ayant deux lieux de culte à Paris (Église Sainte Marie et Chapelle Sainte Marie au Marais) et un oratoire à Lye.
En 2023, Mgr M Daniel MAMES devint co-adjuteur de Mgr Le Bec. Sa consécration épiscopale eut lieu à l'Église Sainte Marie le 18 novembre 2023.
Le 17 février 2024, le Chapitre Général tenu au Sanctuaire de la Miséricorde de l’Amour à Płock décida d'intégrer l’Église Sainte Marie de Mont-Saint-Aignan avec L’Église Vieille Catholique Mariavite de Pologne, en créant le Diocèse de Normandie. Le Diocèse mariavite de Normandie reste sous la juridiction canonique de la Province mariavite de France. Le premier évêque du Diocèse de Normandie fut Mgr M. Roland FLEURY.
En 2024, L'ÉGLISE VIEILLE-CATHOLIQUE MARIAVITE en Pologne et en France compte environ 45.000 fidèles et une cinquantaine de lieux de culte. Le ministère pastoral est exercé par 8 évêques, 25 prêtres, un diacre permanent et une religieuse. Trois séminaristes se préparent en vue du sacerdoce.
En Pologne, l'état juridique de l'Église mariavite est régi par la « Loi sur les relations de l'État avec l'Église Vieille-Catholique Mariavite », adoptée par le Sejm le 20 février 1997. En France, la Province de France, ses diocèses et paroisses sont reconnus en tant qu`associations cultuelles de la Loi 1905.
Le statut canonique de l'Église mariavite est régi par le « Droit interne de l'Église Vieille-Catholique Mariavite », adopté par le Chapitre général du 17 février 2024.